Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 juillet 2008

Révision constitutionnelle : les enseignements du scrutin

ensignement.jpg

1. Des votes incohérents : (marchandés ?)

Il s'agit du vote pour des huit parlementaires qui avaient voté contre, en première lecture à l'Assemblée nationale (les UMP Jean-Paul Anciaux, Jean Bardet, Gilles Bourdouleix, Bernard Debré, André Flajolet, Christian Vanneste; le PS Jack Lang) ou en deuxième lecture au Sénat (l'UMP Alain Lambert). Le vote le plus incohérent étant celui d'Alain Lambert, puisque ce vote négatif portait sur le texte définitif (les députés pouvant argumenter que le texte définitif n'est pas exactement celui contre lequel ils avaient voté en première lecture - je rappelle en effet qu'il n'y a malheureusement pas eu de scrutin public en deuxième lecture à l'Assemblée nationale).

Autre position incohérente : la non-participation au vote du sénateur NI Jean-Louis Masson (divers droite), qui appelait la semaine dernière ses collègues du département de la Moselle à voter contre la révision constitutionnelle en raison de la réforme de la carte militaire.

Enfin, Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale et donc du Congrès, a voté pour, contrairement à la tradition républicaine qui veut que le président ne participe pas au vote.

Ce sont ces dix parlementaires qui ont permis l'adoption de la révision constitutionnelle. Le passage de l'abstention vers le vote pour (50 parlementaires) ou contre (7 parlementaires) pouvant, en revanche, plus facilement être défendu. Tout focaliser sur le seul Jack Lang et le PRG est donc une erreur.

 

2. Le PRG divisé :

Les quinze parlementaires PRG se sont coupés en trois :

  • 9 votes pour : les députés Gérard Charasse (PRG), Paul Giacobbi (PRG), Annick Girardin (Cap sur l'Avenir-PRG), Joël Giraud (PRG), Dominique Orliac (PRG), Sylvia Pinel (PRG); les sénateurs Jean-Michel Baylet (PRG), André Boyer (PRG), François Vendasi (PRG)
  • 5 votes contre : les députés Chantal Robin-Rodrigo (PRG), Christiane Taubira (Walwari-PRG); les sénateurs Nicolas Alfonsi (PRG), Yvon Collin (PRG), Gérard Delfau (PRG)
  • 1 abstention : le sénateur François Fortassin (PRG)

 

3. François Bayrou, combien de divisions ?

Si les députés ex-UDF ont déjà dû trancher entre le MoDem et le Nouveau Centre, les sénateurs ex-UDF ont, au contraire, maintenu (provisoirement ?) un groupe UC-UDF. Ce dernier est resté uni en première et deuxième lecture en se réfugiant dans l'abstention. L'heure de vérité a sonné au Congrès.

En définitive, le vote contre de François Bayrou n'a été suivi que par cinq parlementaires : les députés Abdoulatifou Aly (MDM-MoDem), François Bayrou (MoDem), Jean Lassalle (MoDem); les sénateurs Jacqueline Gourault (MoDem), Jean-Jacques Jégou (MoDem).

 

Les quatorze sénateurs MoDem (décompte personnel, le flou étant entretenu sur l'appartenance partisane des sénateurs) se sont en effet coupés en trois :

  • 9 votes pour :  Nicolas About (MoDem-Mercier/Arthuis), Philippe Arnaud (MoDem-Bayrou), Didier Borotra (MoDem-Bayrou), Yves Détraigne (MoDem-Mercier/Arthuis), Françoise Férat (MoDem-Mercier/Arthuis), Michel Mercier (MoDem-Mercier/Arthuis), Catherine Morin-Desailly (MoDem-Mercier/Arthuis), Philippe Nogrix (MoDem-Mercier/Arthuis), Anne-Marie Payet (MoDem-Mercier/Arthuis)
  • 3 abstentions : Denis Badré (MoDem-Bayrou), Marcel Deneux (MoDem-Mercier/Arthuis), Jean-Marie Vanlerenberghe (MoDem-Bayrou)
  • 2 votes contre : Jacqueline Gourault (MoDem-Bayrou), Jean-Jacques Jégou (MoDem-Bayrou)

 

Commentaires

Bravo pour le pointage.
Les noms des "responsables" UMP sont étonnants. Il ne s'agit pas de brigands mais de parlementaires sérieux (Flageolet, Lambert et même le contreversé Vanneste...).

On pourrait alors se hasarder à penser que le premier responsable est...le PS. Dans cette affaire, sa capacité, rare, a être uni comme une tortue romaine à pu ramener à la discipline majoritaire.

Les pressions ont sans doute plus peser sur les opportunistes et autres villepinistes roués.

Hypothèse, hypothèse.

Écrit par : Ratafee | 22 juillet 2008

+Il sera amusant de relire la liste au soir du 21 septembre.

Écrit par : Ratafee | 22 juillet 2008

...et de suivre les nominations ou promotions diverses des uns et des autres...

Écrit par : Laurent de Boissieu | 23 juillet 2008

23/07/2008 : le sénateur Alain Lambert (UMP) nommé à la commission de surveillance de la Caisse des dépôts (CDC)

Écrit par : Laurent de Boissieu | 23 juillet 2008

François Bayrou, dans son interview sur Mediapart, assure avoir laissé chaque parlementaire de sa famille politique libre de son choix.
"Je n'ai jamais été de ceux qui voulaient forcer la main...Respecter le libre-arbitre des gens, c'est bien...J'ai estime et respect pour eux, donc je ne fais pas de pression" (transcription libre de la video)

Écrit par : Miaou | 23 juillet 2008

Les hochets vont pleuvoir mais je reste sur une hypothèse honorable.
Pour Lambert comme pour beaucoup d'autres, ils ne pouvaient pas offrir au PS une victoire pareille. La dimension agonistique de la politique l'a emporté.

La force de Sarkozy est d'avoir été au bout, jusqu'au Congrès.

Écrit par : Ratafee | 23 juillet 2008

Nicolas Sarkozy a en effet eu le courage d'aller jusqu'au Congrès, c'est vrai.

Je suis d'accord, plusieurs éléments ont certainement joué dans le volte-face de parlementaires de droite (et de Jack Lang) :
- des promesses
- la solidariré de droite (comme le souligne Ratafee, face à un PS qui a finalement fait bloc -1 voix)
- la volonté de ne pas être à l'origine d'une défaite de Nicolas Sarkozy (Alain Lambert : "Les liens qui m'unissent au Président de la République sont anciens et personnels. Ils sont hors du champ politique").

Il n'en reste pas moins que ces parlementaires ont voté contre leurs idées. "Nous n'avons jamais confondu les deux [politique et amitié]", plaide Alain Lambert sur son blog. C'est désormais chose faite.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 24 juillet 2008

Je ne pense pas défendre une conception par trop cynique et instrumentale de la politique. Oui, la politique est affaire d'idées....et aussi de luttes et de rapports de force....et même de prébendes et quolifichets.

Il n'y a pas d'un côté la bonne politique qui serait celle des idées et de l'autre la tambouille. Les strates me semble bien emmêlées.

A l'arrivée, les élus passent rarement leur vie à voter en conscience. Heureusement d'ailleurs ! Dans la plupart des assemblées, la discipline/réflexe/logique majoritaire joue à plein.

Et puis, dans une procédure de révision, on sait qu'il y aura trois rounds minimum. Il peut y avoir du vote tactique, et pas seulement à la fin. Il n'est pas aisé de distinguer un vote de conviction à l'instant t et un vote à la soupe à un instant t+1.
Dans les premiers rounds, on peut facilement confondre vote de conviction et humeurs...ça n'est pas la même chose.

Pour finir sur Lambert, c'est vrai que c'est louche ! Il s'en défend avec véhémence sur son blog.

Je sens que je vais énerver le gaulliste en vous. Le gaullisme, c'est l'impératif d'être grand dans les grandes circonstances. Par petit temps....ouille je viens de prendre les Mémoires Guerre dans la gueule.

Allez, je ferme le café du commerce.

Écrit par : Ratafee | 24 juillet 2008

Je partage en partie le point de vue de Ratafee... mon regret sur ce point est que les 10 élus de la majorité auraient pu voter en conscien si François Hollande leur avaient fait téléphoné et fait quelques propositions !

http://front-europeen-et-republicain.blogspirit.com/archive/2008/07/24/n.html

Écrit par : florent | 25 juillet 2008

@Ratafee : lol ! Je ne suis en effet pas vraiment d'accord avec vous... Il y a des votes qui ont plus ou moins d'importance. Entendre des parlementaires UMP dire "on était contre mais on a voté pour" ou lire des parlementaires PS écrire "on était pour mais on a voté contre" est franchement consternant. Pas de quoi grandir la politique aux yeux des Français. Et puis, même si ce n'est pas bien glorieux, il reste au pire le refuge de l'abstention ou de la non-participation au vote. Ce fut le choix du RPR en 1992 avec Maastricht et le choix d'une partie du PS en 2005 avec le TCE (je parle des révisions constitutionnelles). Au moins, les uns et les autres n'ont pas, à l'époque, voté contre leur conscience.

Écrit par : Laurent de Boissieu | 30 juillet 2008

Tout ceci est bien gentil,
mais,

l'intérêt commun, il se trouve où dans tout ça ?

C'est bien que les politiques puissent gagner des quolifichets ou des sacs de billes ou de billets de banque à la grande foire de l'Assemblée .... mais bon, si ces jeux restaient des jeux sans conséquences, nous pourrions, nous, petit peuple de besogneux sans fortune ni intelligence, rire avec ces grandes personnes des bonnes entourloupes, des croche-pattes et autre béquilles qu'ils s'envoient à tire larigot ......

Hélas !
Pendant que ces enfants s'amusent comme des fous, le peuple souffre !
Le peuple compte ses sous au moment d'acheter le moindre produit de consommation courante, ou le billet de transport ...
le peuple ne part plus en vacances, ou alors un tout petit peu ....
on avait dit au peuple .... Nous avons bien compris vos votes d'avertissement et le kapout de Jospin le chenu .... nous avons bien compris qu'un pays, c'est d'abord son peuple et que les politiques ne sont là que pour représenter les intérêts du peuple et la représentation nationale est une vocation, un honneur qu'aucun homme politique ne bafouera plus tant cela a été fait au détriment du peuple et il faut que ça cesse ......

bah ..... tout ça finira comme d'habitude ..... par des élections !!!!!!

Écrit par : Yfig, et la peinture à l'huile c'est plus difficile .... | 08 août 2008

Les commentaires sont fermés.